
Le fondateur du
scoutisme
BADEN PAWELL
B-P est un routier,
son histoire se déroule au rythme des événements
vers lesquels il marche sans se soucier de ce qui l'attend.
Il saura y faire face et les faire servir à sa
formation personnelle et professionnelle. A cet égard,
il nous dira:
"Si
j'avais à écrire l'histoire des principaux
événements de ma vie, je serais tenter
de l'appeler "les bombes de ma vie". Presque
chacun de mes pas a été inattendu, je
ne l'avais pas recherché, et il m'a conduit dans
une direction imprévue."(Franchis l'obstacle
. Baden-Powell, Neufchatel: D. de Brouwer, 1946, p.41)
L'histoire de l'Empire Britannique s'est tissée
au fil des centaines d'années jusqu'à
nos jours par des aventuriers et des explorateurs, les
éclaireurs de leur nation. Les chevalier du roi
Arthur, Richard Coeur de Lion et les Croisés
portèrent bien loin la chevalerie britannique.
Des femmes aussi ont fait oeuvre d'éclaireurs.
L'Angleterre serait un pauvre petit pays si la timidité
avait régnée en maître; s'aurait
été un désastre pour la nation
si les jeunes gens d'aujourd'hui avaient perdu leur
esprit d'endurance et d'aventure, s'ils avaient accepté
d'être nourris à la cuiller et bercés
et ne recherchaient que des occupations faciles, ne
comportant aucun risque.
Son
père (1796-1860) était reconnu par ses
pairs comme un bon mathématicien à Oxford
à l'âge de 31 ans. Il jouait de l'orgue
et peignait. Descendant d'une vieille famille du Suffolk
et de condition économiques moyenne. Il a été
membre de la Société Royale. Il exerçait
la fonction de pasteur dans l'Église protestante.
Son père épousa, à l'âge
de 50 ans, Henrietta-Grace Smyth alors âgée
de 22 ans. Il mourut à 64 ans alors que B-P n'avait
que trois ans.
Quant
à sa mère, Henrietta-Grace Smyth (1824-1914),
elle descendait d'une famille ancienne et prospère.
Son père, l'amiral William Henry Smith, commandant
de la marine, passait pour un physicien et astronome
amateur de talent. Elle avait hérité de
ses ancêtres un tempérament décideur,
animateur et entreprenant. Elle fut l'épouse
en troisièmes noces du révérend
Baden-Powell.
La
fraterie se composait de cinq frères et d'une
soeur, encore vivant au moment du décès
de leurs pere:
l'aîné,
Henry Warington (1847-1921) fit une brillante carrière
dans la Royal Navy. Il écrira un guide officiel
pour les scouts marins dont B-P initiera la fondation.
George (1847-1898) devint un écrivain politique,
astronome par surcroît. Conseiller politique de
l'expédition du Betchouanaland.
Auguste (1849-1862)
Francis Smyth (- 1933) fut un athlète, célèbre
dans les cercles d'Oxford, peintre de talent, qui exposa
à l'Académie et au Salon de Paris. Il
fut avocat. (6e)Robert Stephenson Smyth Baden Powell
(1857-1941) naquit au 6 Stanhope street, Londres, le
22 février.
Agnès (1858-1945) don remarquable pour la peinture,
la musique et les sciences naturelles. Elle a toujours
eu un faible pour les animaux.
Baden Fletcher Smyth (1860-1943) aéronaute militaire,
contribua par sa compétence, ses initiatives
et ses expériences au développement de
cette aérostatique encore peu précise.
C'est dans les bois qui environnaient l'école
et le terrai de jeux que B-P apprit la plupart des choses
qu'il sait et qui lui furent utiles tout au long de
sa vie. Cette vie dans la nature favorisa non seulement
le développement du corps, de la santé
et de l'esprit, mais elle l'aida, comme jeune garçon
à trouver son âme. Ses talents, son humour,
sa bonne humeur, sa serviabilité firent de "Bathing
Towell" (essuie-mains), comme le surnommaient les
garçons de son club, le boute-en-train, l'entraîneur
et le porte-parole de l'école.
Candidat
malheureux à l'Université, en montant
sur la Gertrude (voilier), il en descendait sous-lieutenant,
dispensé par ses places (2e en cavalerie et 5e
en infanterie sur 700 candidats) du stade d'entrainement
de 2 ans à l'école de Sandhurst. C'était
en 1876, il avait alors 19 ans. Baden-Powell, chef militaire,
ne fut pas un génie, mais un innovateur. Il apprit
à l'Angleterre à comprendre que, derrière
le soldat, un homme se battait pour elle. Il lui apprit
à respecter cet homme et à l'aimer, à
le sauver de l'anonymat. A chaque échelon de
la hiérarchie, il est parvenu à faire
passer l'homme avant le règlement et cette réussite
de sa propre carrière, il essaya de la communiquer
aux autres. Le processus de désengagement total
dura tout de même dix ans, car c'est le 7 mai
1910 seulement qu'il prit sa retraite définitive,
le jour même d'ailleurs du décès
du roi Edouard VII successeur de la grande reine Victoria.
Sa carrière militaire s'échelonna sur
trente-quatre ans.

En 1912, lorsque B-P monta sur l'Arcadie, il ne se doutait
pas de pénétrer dans le pays fabuleux
des amours pastorales. C'est ainsi que B-P y rencontra
Miss Olave St.-Clair Soames, âgée alors
de 23 ans. B-P avait trouvé la femme qui lui
convenait: décidée, volontaire, intelligente,
elle s'était intéressée aussi à
des questions d'éducation. Le mariage eut lieu
dans l'intimité, le 30 octobre 1912. Leur voyage
de noces, en Afrique du Nord, à cause du climat
encore clément en automne, se déroula
en faisant du camping. Ils ont eu trois enfants, nés
de leur amour, un fils et deux filles: en 1913 Peter,
d'après le héros d'une pièce de
Barrie: Peter Pan, le garçon qui n'a jamais grandi.
En 1915 ce fut Heather, et Betty en 1917.
Olave
St.-Clair Soames est née à Chesterfield,
le 22 février 1889. Tout au long de sa jeunesse
et jusqu'à son mariage, à l'âge
de 23 ans, elle mène une vie heureuse, sans conflit
ni défi et sans utilité sociale. Elle
pratique de nombreux sports à la campagne. De
1941 à 1970 Lady Olave se rend dans 107 pays
différents. Elle nous fait part de ses impressions
de globe-trotteuse:
"Voyager
à l'étranger est pour moi, dans un sens,
plutôt une épreuve. On éprouve un
sentiment de joie et d'excitation, mêlé
à une impression de vide intérieur, produit
par l'appréhension et l'attente d'on ne sait
trop quoi."
(Carnets de route . op. cit, p.23)
Lady Olave est décédée en 1977,
à l'âge de 88 ans, dans le Surrey, au Sud
de L'Angleterre. Elle nous a quitté comme à
la fin d'une journée bien remplie.
La
fondation du scoutisme a été possible
grâce à l'influence de la mère de
B-P qu'il affectionnait tout particulièrement.
Il lui reconnaît un rôle central dans cette
fondation. De plus, il s'est rendu compte que le système
des Cadets ne faisait rien pour préparer les
garçons à un civisme consciencieux, actif
et joyeux, d'après les idées modernes.
B-P était bien le plus parfait commis-voyageur
de la bonne volonté universelle. Dans sa vie
scoute, il est allé cinq fois aux Indes, treize
fois en Afrique, sept fois en Amérique et trois
fois en Australie. En 1924, le premier camp international
qui réunit 40 pays, se tient à Foxlease
en Angleterre.
Le
suc de Connaught, président de l'Association
britannique, déclara le 29 juillet 1929, lors
de l'ouvertude du jamboree de la majorité (21
ans):
"L'historien
futur, en parlant des grands réformateurs du
monde, devra ajouter à sa liste le fondateur
du scoutisme. Peu d'hommes ont rendu un plus grand service
à l'humanité que Robert Baden-Powell."
(250 millions de scouts . Laszlo Nagy. Suisse: P-M.
Favre, 1984, p.101)
La Cité de Londres lui conféra la bourgeoisie
d'honneur. On sait que le titre de Lord était
hériditaire au sein de la royauté. Exceptionnellement,
certains citoyens, tel que B-P, par exemple, reçurent
ce titre pour quelque grand éclat, utile à
la nation. C'est ainsi que le prince de Galles, en uniforme
scout, annonça le 2 août 1929 que son père
royal élevait B-P à la pairie héréditaire.
C'est ainsi que le fondateur du scoutisme devint Lord
Baden-Powell of Gilwell .
Après
plusieurs tractations et réactions des instances
officielles, un accord fut possible entre la B.S.A du
Canada et la Fédération Québécoise
du Guidisme et du Scoutisme. Cet accord fut donc signé
le 10 avril 1935 à Ottawa. C'est cet accord-là
qui fut contresigné par B-P, le 27 mai à
l'archevêche de Québec en présence
du cardinal et de M. Beatty, président du Conseil
général canadien de la Boy Scouts.
Il
faisait preuve d'une simplicité et d'une droiture
de caractère qui sont les caractéristiques
de tous les hommes vraiment grands. Il ne s'attarde
pas à rêver, ce n'est pas son habitude.
Son indépendance joyeuse lui faisait regarder
le côté optimiste de la vie pour rendre
aux autres l'existence plus légère. Il
était très habile à jouer du piano,
du violon, du clairon et du cor, et par son don à
chanter dans un registre exceptionnellement étendu.
"Le
désert ou le glacier arctique ne sont pas pour
moi! Je préfère la Route amie et tous
les gens qu'on y rencontre."
(La route du succès . Baden-Powell, Robert. trad.
Péroni, P., 1922, Neufchatel: D&N. 1946,
p.211)
L'amitié a tenu une grande place dans son existence.
Il aimait qu'on s'intéressât à ce
qu'il faisait et ne témoignait d'aucune fausse
timidité, mais lui aussi s'interessait à
ce que faisaitent les autres et cela faisait partie
de son charme. Il ne veut pas être propète.
Il désire à peine être chef. Il
ne souhaite être qu'un ami. On disait de B-P,
alors colonel âgé de 40 ans: "nul
moyen de le fréquenter sans être conquis".
Il savait si délicatement demander à chacun
ce qui l'intéressait particulièrement
et à la faveur de sa gentillesse, amener les
confidences qui font plus pour lier deux hommes entre
eux que plusieurs années de coude à coude
administratif. Une des forces psychologiques de B-P
a toujours été de savoir choisir les mots
pour traduire parfaitement ses idées et de trouver
des symboles pour les expliquer. B-P a toujours été
sensible au langage symbolique, déjà initié
par le language de la nature auquel sa mère lui
permi d'accéder. Tout au long de son périple
parmi les hommes qui ont fait route avec lui, il accueille
avec beaucoup de sensibilité les objets qui devinrent
sacrés par toute la considération que
B-P manifestait à leur égard. S'il a su
voir grand dans sa vie, c'est qu'il a commencé
par agir immédiatement, très modestement
et l'a poursuivie avec ténacité et optimisme.
Comme garçon, il a tâté presque
tous les sports: le cricket et les raquettes, la rame,
la natation et le "rallye-paper", mais de
tous c'est le football qu'il préférait.
Quoiqu'il prît part à de nombreuses expéditions
de chasse aux fauves en Afrique et aux Indes, il préférait
étudier la vie et les habitudes des animaux sauvages
plutôt que de les tuer. Il se levait de bonne
heure et faisait une promenade avec ses chiens "Si
je ne m'étais pas levé tôt toute
ma vie, je n'aurais jamais eu le temps de tirer de l'existence
la moitié du plaisir qu'elle m'a donné."
( La route du succès . op. cit, p.88)
B-P
lisait aussi la biographie des héros d'antan,
et c'est d'eux qu'il apprit bien des choses sur ce qu'il
fallait faire pour remplir son devoir. Extrêmement
religieux, profondément pénétré
de la place de la religion dans la vie d'un homme, sans
doute d'abord par conformisme anglais, ensuite par découverte
personnelle, il voulut que tous ses éclaireurs
aient à coeur d'aimer Dieu. Jamais il n'usait
de mesures disciplinaires, préférant exciter
en chacun le sens de l'honneur et témoigner une
confiance qui ne fut que rarement démentie.
"Ma
vie a été profondément heureuse
non seulement dans mon propre foyer, mais aussi en dehors
de lui. Je voudrais, avant de mourir, dire toute ma
reconnaissance à des centaines, que dis-je, à
des milliers de personnes qui m'ont témoigné
de l'affection. J'ai été touché,
profondément parfois, de la bonne volonté
rencontrée soit parmi mes frères éclaireurs,
soit parmi mes compatriotes, de toutes les classes de
la société, dans tout l'Empire. Mais cette
bonne volonté ne s'est pas bornée à
celle de mes compatriotes, car je l'ai trouvée
aussi chez des hommes appartenant à d'autres
nationalités. Elle n'a pas été
le résultat de ce que j'ai pu faire pour eux,
mais l'expression de leur propre bonté. Elle
a contribué grandement à faire de ma vie,
une vie heureuse. C'est pourquoi j'espère que
l'on inculquera, de plus en plus, cet esprit de bienveillance
à la génération montante afin de
donner le bonheur à d'autres vies. J'espère
aussi qu l'idéal chrétien de paix et de
bonne volonté ne restera pas un simple précepte,
mais sera mis en pratique. Regardant en arrière
et considérant ma vie de plus de quatre-vingt
ans, je réalise combien la vie est courte et
combien sont vaines la colère et les luttes politiques.
La seule chose qui vaille la peine d'être vécue
est d'apporter un peu de bonheur dans la vie des autres."
Lord Robert Baden-Powell of Gilwell . op. cit, p.261

En 1937, B-P se rendit avec sa Lady au Kenya où
il se reposa pendant l'hiver à Nyeri. Lui et
sa compagne furent si enchantés du pays qu'ils
décidèrent d'y construire une villa à
laquelle ils donnère le nom de Paxtu en souvenir
de Pax Hill, Bentleu. De son lit, il voyait un paysage
merveilleux s'encadrer dans la chambranle de la porte-fenêtre;
le bord de la terrasse où il y a peu de temps
encore il prenait son petit déjeuner en compagnie
des oiseux; puis la pente douce du jardin, avec ses
grands arbres exotiques dont les palmes s'éventaient
à la bise. Au loin, majestueux, le sommet du
Kenya accrochant au ciel limpide son cumulus de blancheur.
D'une main incertaine, B-P en fit une dernière
aquarelle et en dessous écrivit: PAX, puis, doucement,
il se laissa glisser dans la Paix. Le journal Le Soleil
, de Québec annonça sa mort en ces termes:
"Le lieutenant-général Lord Baden-Powell,
fondateur du scoutisme et du guidisme et l'un des plus
fameux officiers d'espionnage de tous les temps, est
décédé au Kénya, à
l'âge de 83 ans à 6 hres.10 le matin du
jeudi 8 janvier 1941".
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